Le Transhumanisme, avancée scientifique ou fiction sociale ?

transhumanisme science Jean-François Perrut

Il est déjà de bon ton de rappeler ce qu’est le transhumanisme. Cette approche pluridisciplinaire nous pousse à comprendre et évaluer tous les chemins et voies qui nous permettrons de dépasser nos limites physiques et biologiques. Tout cela afin que les gens vivent plus longtemps et en bonne santé, avec la volonté d’augmenter également leurs capacités intellectuelles, physiques et émotionnelles. Ce courant de pensée est né dans les années soixante de la nouvelle gauche, du mouvement des droits civiques et de la contre-culture beatnik. La victoire sur la mort est le but ultime recherché par les plus extrêmes d’entre-deux. Le champ d’intérêt des transhumanistes est large et complexe comme le souligne le spécialiste en science et écrivain Jean-Jacques Perrut. Les technologies modernes telles que l’ingénierie, la technologie de l’information, la médecine pharmaceutique avec l’anticipation des capacités futures dont la nanotechnologie, l’intelligence artificielle, les téléchargements des données du cerveau dans un ordinateur ou la greffe de cartes sous-cutanées, la félicité perpétuelle par modification chimique et enfin la colonisation de l’espace. Des sujets que l’on pense parfois issu directement de la science-fiction et qui sont pourtant en plein développement dans notre temps présent.

 

Une Approche Philosophique :

Il est judicieux de noter qu’un nouveau paradigme de réflexion est apparue au cours des années un paradigme de réflexion sur le devenir de l’humanité et de l’humain. Une course vers l’immortalité a été lancée sur le principe que la condition humaine est une « constante » de base et qu’il est possible d’aller au-delà de nos limites naturelles. De tous temps et avec toutes les technologies que l’homme a développé depuis son apparition sur la terre (l’invention du langage, de l’écriture, de l’agriculture, de l’imprimerie, de l’industrialisation, de la médecine et de la médecine moderne, des ordinateurs), il a modifié avec un impact non négligeable sa manière de vivre et sa manière d’être. Le fantasme de l’homme modifié ou amélioré n’est pas une idée neuve. Les religions ont toutes eu la prétention de dépeindre des êtres surnaturels qui ramenaient l’homme à sa condition d’inférieure. Ils se sont cru un but utopique à atteindre. Si on effectue un parallèle avec ce qui risque d’arriver dans les dizaines d’années à venir, ce changement d’état ou amélioration de l’humain a été progressif et doux. La ou les propositions des orthodoxes du transhumanisme sont plus radicales et font heurter la nature profonde et les bases de ce qui a fait l’humanité depuis des siècles. D’un point de vue purement philosophique, un changement totale d’état physique et psychique est en train de s’opérer car l’homme va vouloir comme à son habitude s’approcher du « divin » pour ainsi surpasser sa condition de mortel. Le but inavoué ou caché du mouvement est de toucher à l’immortalité fantasme éternel de l’homme.

 

Le point de vue d’un Biologiste, Mr Jean Jacques PERRUT :

Mais que peut-on considérer comme du Transhumanisme ? Si l’augmentation ou l’amélioration de l’état humain ou de sa modification physique ou psychique est considéré comme un début de transhumanisation, alors beaucoup de techniques de médecine peuvent être induite à son expansion et à son accroissement. Comme le souligne Mr Jean-Jacques PERRUT dans un essai qu’il a rédigé, si la volonté de réparer l’homme est un noble dessein que l’on ne peut qu’encourager ; où s’arrête cette réparation ? Jusqu’où pouvons-nous augmenter l’homme tout en restant homme ? Il faut que cette réparation se fasse à l’aide d’outils et de moyens éthiquement reconnus. Mr PERRUT met en avant un argument de taille qui est la chirurgie esthétique. Tout d’abord inventé et développé au cours de la première guerre mondiale afin d’aider les « gueules cassées » à retrouver un visage humain, désormais on peut se refaire toutes les parties de son corps que l’on ne juge pas à son goût. Une manière d’effacer l’œuvre que la nature a faite et que l’on n’accepte pas. Toutes les avancées technologies nous permettent d’avoir une action directe sur notre physique. Il se créé une inégalité car cette méthode et pratique de la médecine reste assez chère et seul les personnes aisées. Jean-Jacques PERRUT nous explique également que le transhumanisme peut être présent dans des objets du quotidien comme les montres ou lunettes connectées, les cartes sous-cutanées pour payer ou pour garder en mémoire toutes nos données personnelles, les GPS, les textiles intelligents…des objets du quotidien accessible à tous qui peuvent couplés avec des choses beaucoup plus pointus comme les oreillettes pour l’audition, les cœurs ou autre organes artificiels, les membres en plastique ou acier (exosquelette entre autre). Le phénomène touche et est présent dans nos vies de tous les jours et nous l’acceptons de façon inconsciente.

 

Les questions techniques :

Le discours des transhumanistes peut être séduisant mais aussi effrayant. Depuis tout le temps, l’homme a voulu améliorer ses conditions de vie et pour cela il a employé différentes techniques et notamment des techniques médicales. C’est une réponse à un besoin naturel de pouvoir se sentir mieux dans son environnement, dans son été d’humain. Le transhumanisme passe cette frontière car il ne vise plus simplement l’amélioration des conditions de la vie humaine, mais la modification pure et simple de la nature de son être en visant une augmentation artificielle de ses capacités physiques ou psychiques. La frontière est assez fine entre les choses qui relèvent du soin et celles qui relèvent de l’amélioration artificielle. Toutes les nouvelles méthodes de réparation ou d’opération peuvent être remise en question. Le fait de poser des implants à une personne atteinte de surdité lui permet d’entendre des bruits que nul autre peut entendre est-il considéré comme du transhumanisme ? Une personne effectuant une opération des yeux au laser et gagnant plusieurs dixièmes de points de vue, lui donnant la possibilité de voir mieux qu’une personne n’ayant pas besoin de lunette peut-elle être prise pour de l’amélioration artificielle de l’humain ou un simple geste de confort ? Il en va de même pour les substances chimiques. Les sportifs que l’on qualifie parfois de « sur-homme » ne peuvent utiliser des produits dopants pour améliorer leur performance physique ; alors que dans un autre temps, les scientifiques sont encouragés à prendre des produits favorisant leur réflexion et stimulant leur intelligence. Un transhumanisme à deux vitesse qui limite l’accès de certains pour qui nous voulons garder une image d’homme non modifié et d’un autre côté, d’un être surdoué favorisant et travaillant sans relâche sur le dépassement des limites de l’humain.

 

La vision du Super-héros :

Plus fort et plus heureux, voici donc les deux buts avérés du transhumanisme ? Ce concept mélange deux dimensions hétérogène qui sont la fin et les moyens. Le rêve avoué à demi-mots par l’humain est de s’élever au-dessus de sa condition nature et de pouvoir assouvir sa maladie de la maîtrise. Mais recherchons-nous la force du super-héros ou sa bienveillance ? L’amélioration physique ou mentale est-elle le meilleur moyen d’arriver au bonheur ? Notre société est une société basée sur l’argent et l’économie. La personne pouvant s’offrir piano ne pourra pas s’offrir la virtuosité. De ce fait, la magne monétaire ne donne accès qu’aux moyens et pas à la finalité de savoir jouer parfaite de l’instrument. Cette vison de l’être sur-dominant et ultra performant ne devrait-elle pas être remise en question et que chacun se dise que l’on doit avancer à son rythme, avec ses capacités et les développer de manière naturelles ? Un super-héros améliorer de manière artificielle n’est au final qu’un être vide de sens qui n’a pas su ou qui n’a pas expérimenté le travail pour y arriver. Ce sentiment et cette envie provient de l’idéal de maitrise que notre société souhaite mettre ne place. Si nous dominons les maladies et les aléas engendrés par la nature, il nous est donc possible de contrôler notre nature même d’homme et de nous élever dans la hiérarchie naturelle. Encore une fois la limite est mince entre l’amélioration du confort humain et l’augmentation de la nature humaine. Nous pouvons soigner beaucoup de maladie et réparer beaucoup de membres ou d’organes. Tout ceci est issu de moyens techniques performants avec une finalité précise, permettre un mieux. Si la fin est de transformer un humain « sain », le but est donc totalement corrompu. Le super-héros n’est plus un être bienveillant mais un être artificiel qui ne connait pas de limite.

 

Le transhumanisme est en marche et fera partie de notre futur. Nous vivons un moment crucial qui est le virage que doit prendre ce mouvement. Nous devons nous poser la question de savoir quels buts nous voulons fixer à ce concept pour les générations futures. Les fins plus que les moyens sont en cause car ces derniers seront toujours présents et se développeront rapidement. L’homme de demain est en pleine naissance et c’est à nous de savoir quelles vertus nous voulons lui donner et quelle vie nous voulons lui offrir. Ce qui fait l’homme c’est sa capacité à inventer, mais aussi sa capacité à se retenir et suspendre sa puissance. L’humain d’aujourd’hui n’est pas né hier. Celui de demain peut attendre.

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