En 2016, la startup Blockchain Partner a pris l’initiative d’accompagner la Banque de France sur le levier technique du projet MADRE, notamment en maîtrisant l’expérimentation. En 2018, le projet a reçu le prix de l’innovation. Il a pour but de faciliter la gestion des identifiants SEPA, à travers une “blockchain” privée. Aujourd’hui, en 2019, la Banque de France passe à la mise en production. Nous verrons avec Franck Peltier les principales caractéristiques de ce projet.
Comprendre le projet MADRE
MADRE est un projet qui consiste à décentraliser le registre des identifiants créanciers Sepa (registre ICS). Auparavant, ce registre était géré et centralisé par la Banque de France.
Maintenant, avec la création d’une blockchain privée, il est désormais possible pour les différentes banques de gérer ce registre d’une façon automatique. Ce qui est aussi avantageux pour la Banque de la France que pour les banques concernées, notamment en termes de réduction de temps, de gains de couts, et d’automatisation du process.
Selon Franck Peltier, on parle donc du premier projet blockchain lancé par la Banque de France et du tout premier projet mis en production par une banque centrale.
Le cas de la Banque de France
Le projet MADRE a été réalisé à partir d’un fork d’Ethereum (protocole d’échanges décentralisés) ce qui signifie qu’il utilise le même consensus de Nakamoto, tout comme le Bitcoin. La privatisation de cette “blockchain” implique aussi que peu d’utilisateurs sont autorisés à détenir et à faire fonctionner les nœuds du réseau. Cela veut dire que sans l’autorisation de la Banque de France, ces utilisateurs ne pourront pas gérer le registre.
Ajoutons à cela que chaque banque sera dotée d’un nœud qui fonctionnera sous sa responsabilité. Mais comme les utilisateurs sont assermentés par la Banque de France, cette dernière détient le droit de surveiller les entités concernées qui utilise l’application et de révoquer aussi leurs privilèges.
Pour Franck Peltier, la distribution des nœuds en plusieurs localités géographiques permet aux utilisateurs de garder une copie des données sur un autre serveur physique, pour l’utiliser en cas de problème : panne d’électricité, inondation, incendie, etc.
Cette méthode est aussi recommandée pour les données critiques, comme c’est le cas pour les données bancaires. C’est pour cela que lorsqu’on parle souvent de la décentralisation on dit « No single point of failure », car dans ce type de systèmes il n’y a pas qu’un seul point de défaillance.
Il convient aussi d’ajouter que le projet MADRE est décentralisé dans deux sens, à savoir le sens informatique et le sens d’entité en contrôle. Et cela s’explique comme suit :
Les serveurs sont multiples et se trouvent dans différents endroits (sachant que les “blockchains” sont créées par des êtres humains qui peuvent tout de même commettre des erreurs), ce qui nécessite une grande coordination lors des mises à jour, notamment celles critiques, comme les patchs de sécurité.