Depuis la fin de la crise sanitaire, les Etats-Unis ont connu une énorme vague de démissions pour différentes raisons. Plus de 4,5 millions d’Américains ont quitté leur travail rien qu’en novembre 2021.
Le phénomène semble toutefois toucher également l’Europe, notamment la France. Le pays enregistre à présent un taux de départ professionnel impressionnant selon l’étude de DARES.
Cette tendance est-elle cependant similaire à ce qui se passe en Amérique du Nord ? Explications.
Des chiffres historiques en France
Le turnover dans les entreprises de services du numérique (ESN) est un phénomène assez récurrent. Outre la pression du travail et la durée assez limitée des projets, plusieurs raisons peuvent en être aussi en cause. Pour combler le manque de personnel, ces sociétés doivent alors recruter pour assurer leurs activités.
En 2021, cette tendance a marqué les Etats-Unis avec des chiffres exceptionnels. En France, les démissions ont aussi grimpé juste après la crise du Coronavirus. C’est ce qu’affirme un rapport de la Direction de l’Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques (DARES).
D’après cette étude, le pays a recensé 470 000 départs de CDI pour un total de 520 000 démissions. Ces chiffres concernent toutefois seulement la période entre la fin 2021 et le début 2022. Ceux-ci dépassent donc les records enregistrés en 2008 avec 510 000 départs incluant 400 000 attribués au CDI.
Bien entendu, cela reste encore loin des 4,5 millions de démissionnaires aux Etats-Unis. De plus, les raisons des départs ne sont pas tout à fait similaires. En Amérique, ces chiffres correspondent aussi aux salariés qui ne sont pas revenus du travail après le confinement. Cela n’empêche cependant pas certains de mentionner la « grande démission » en France.
Une tendance généralisée ?
Selon une étude effectuée par CondinGame en fin 2021, 72% des employés des ESN songeaient à changer de travail rapidement. Ce rapport concerne non seulement la France, mais également d’autres pays du monde entier. Il n’a toutefois pas fallu attendre longtemps pour voir ce sondage se confirmer.
En effet, en Inde, la presse locale évoque un taux d’attrition s’élevant à 21% dans le secteur de la technologie. Chez Atos, un des leaders de la transformation digitale, les chiffres avoisinent les 16%. La tendance est la même auprès de l’entreprise numérique Accenture avec un taux de départ important de 19% en fin d’année 2021.
Pourtant, la grande démission ne menace pas encore la France selon Eric Heyer, responsable auprès de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Dans le pays, l’insertion professionnelle de la population est très élevée et plus stable. Ce taux avoisine les 68% pour les salariés entre 15 à 64 ans et 66% pour les seniors entre 50 et 64 ans.
De plus, le directeur du département analyse et prévision à l’OFCE mentionne également l’étude effectuée par le DARES. D’après ce rapport, bien que le taux de démission s’avère très élevé, le retour à l’emploi des démissionnaires l’est également. D’ailleurs, Marie-Rachel Jacob, professeure attitrée à Emlyon Business School précise que le niveau d’attrition aux Etats-Unis et au Royaume-Uni résulte aussi du débauchage d’entreprise.