Est-ce que les appareils reconditionnés offrent une solution efficace pour atténuer les conséquences négatives de l’industrie électronique ?

Réparation appareil reconditionné

En 2022, le marché des téléphones mobiles a enregistré la vente de 1,2 milliard d’unités neuves, engendrant ainsi d’énormes émissions de carbone. Pour mettre cela en perspective, votre smartphone a parcouru l’équivalent de quatre fois le tour du monde avant d’arriver dans les magasins. De plus, la production de ces appareils exploite des travailleurs dans des conditions déplorables, tant en Afrique lors de l’extraction des matériaux qu’en Asie lors de l’assemblage des composants électroniques.

C’est dans ce contexte que de nombreuses entreprises, soutenues par les gouvernements, se sont lancées ces dernières années sur le marché du reconditionnement, évalué à 22 milliards d’euros dans le monde pour les smartphones. Les téléphones reconditionnés sont présentés comme une solution plus économique, respectueuse de l’environnement et quasiment neufs, censée résoudre tous les problèmes du secteur. Cependant, la réalité est bien plus complexe que cela.

Les défis environnementaux du reconditionné

En réalité, le marché du reconditionné n’apporte que peu de changements au système existant. Il se contente de réparer des smartphones qui ont été initialement conçus dans des conditions déplorables et dépend du maintien du modèle productiviste actuel. Sans la surproduction de téléphones neufs par les grandes marques, les reconditionneurs ne pourraient pas constituer leur stock pour fonctionner.

Selon Hexamobile avis, la « seconde vie » des appareils reconditionnés est fortement liée à l’obsolescence marketing, qui pousse les consommateurs à changer de produit même si le leur fonctionne encore. Ainsi, le secteur du reconditionnement ne résout en rien le problème de la surproduction, il ne fait qu’offrir une prolongation temporaire aux appareils, sans remettre en question le rythme de production ni les pratiques commerciales. Le reconditionné en lui-même n’est donc pas la solution : il gère temporairement les déchets du système sans viser une transformation en profondeur.

Valorisons le reconditionné plutôt que de le négliger

Le marché du reconditionné est un domaine où coexistent différents acteurs. Certains « startups » se lancent dans cette industrie avec une perspective capitaliste assez basique. Cependant, il existe également des organisations ancrées dans l’économie sociale et solidaire, qui, au-delà des avantages environnementaux, ont un véritable impact social positif et recherchent une rentabilité limitée.

Un choix militant

Alors, comment trouver une solution ? Bien que la solution la plus écologique serait de se passer totalement de smartphone, il est souvent impensable de renoncer à cet outil dans notre société hyperconnectée. Cependant, les consommateurs peuvent adopter des pratiques visant à prolonger la durée de vie de leur appareil actuel. Cela implique de prendre soin de leur smartphone en adoptant de bonnes pratiques matérielles et logicielles telles que l’auto-réparation, l’installation des mises à jour ou l’exploration de systèmes d’exploitation libres en cas d’absence de support du fabricant, ainsi que la préservation de la batterie.

Il existe trois principes clés qui permettent de faire des choix ayant un véritable impact :

  • Le premier pilier consiste à sélectionner un appareil plus responsable, dans le cas où l’on a réellement besoin d’un nouvel appareil. Il est important que cet appareil soit conçu de manière robuste pour une longue durée de vie, qu’il soit éco-conçu et qu’il obtienne une excellente évaluation en termes de réparabilité (idéalement avec un score de 9/10 ou plus).
  • Le deuxième pilier est de choisir un modèle économique cohérent qui encourage les fournisseurs à prolonger la durée de vie de leurs appareils. Le modèle économique basé sur la vente conduit généralement à la surproduction et à des pratiques de marketing agressives, tandis que l’économie de la fonctionnalité incite tous les acteurs à chercher à prolonger la durée de vie des produits.
  • Le troisième pilier consiste à privilégier des structures relevant de l’économie sociale et solidaire, qui ont un impact social positif, une recherche de rentabilité limitée et une transparence accrue. En optant pour ces structures, on soutient des initiatives qui vont au-delà de la simple dimension environnementale en contribuant à des changements sociaux positifs et en promouvant des valeurs éthiques.

En adoptant ces principes, les consommateurs peuvent prendre des décisions éclairées et contribuer à réduire l’impact négatif de l’industrie des smartphones sur l’environnement et la société.

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