Le secteur immobilier, confronté à une crise sans précédent, voit son horizon s’assombrir davantage avec l’annonce par des mastodontes tels que Nexity et Vinci de la possible suppression de milliers de postes dans un futur proche. La Fédération des promoteurs immobiliers, alarmée, anticipe jusqu’à 300 000 emplois menacés à l’horizon d’un an et demi, ce qui présage de répercussions catastrophiques pour l’ensemble de la filière immobilière. Le point sur le sujet avec Carlos de Matos du groupe Saint-Germain !
Entre espoir de relance et réalité amère
Alors que le secteur immobilier peine à se relever d’une année 2023 jugée désastreuse, les géants du domaine, Nexity et Vinci, ont récemment exprimé leur intention de procéder à des suppressions de postes face à un marché en déclin. Les conséquences du Covid-19, conjuguées à la montée des taux d’intérêt, à l’inflation et au recul des investissements publics, ont plongé l’industrie dans une crise sans précédent, ralentissant considérablement les projets de construction.
Pascal Boulanger, président de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI), qui fédère 700 membres, dresse un bilan alarmant : « Une année normale, la FPI sort environ 165 000 logements. 2022 on tombe à 123 000 et en 2023, on fait 94 000. Ça fait un an et demi que j’attire l’attention des pouvoirs publics en disant qu’il va y avoir des catastrophes. Malheureusement, j’avais raison… », déplore-t-il, face à la situation critique du secteur qui tente de se reconstruire, entre chantiers retardés, suspendus ou même annulés !
Anticipation et stratégies diversifiées face aux incertitudes du marché immobilier
Alors que les grandes enseignes du secteur immobilier comme Nexity et Vinci annoncent des coupes dans leurs effectifs, les acteurs de plus petite envergure semblent pour l’instant moins touchés par la tourmente. C’est notamment le cas de Greencity immobilier, une entreprise toulousaine qui a finalisé 1 700 logements l’année passée. Son président, Stéphane Aubay, souligne l’importance de s’adapter stratégiquement à la conjoncture actuelle, notamment en ajustant les prix pour stimuler les ventes malgré une tendance à la baisse des taux d’intérêt. Cependant, il exprime ses inquiétudes quant à l’avenir proche, particulièrement à l’approche des élections municipales de 2026 : « On craint un frein sur la délivrance des permis de construire parce que ce n’est pas forcément bon pour un maire qui est élu d’avoir des grues partout dans sa ville au moment des élections ».
Cette période d’incertitude pourrait, selon les projections de la Fédération des promoteurs immobiliers, entraîner jusqu’à 300 000 suppressions de postes dans les prochains mois, impactant non seulement les constructeurs, mais également les professionnels du notariat, de l’architecture et de l’ensemble du secteur immobilier.
Limiter les charges salariales, une nécessité ?
Hadrien Colmant, directeur général associé d’Inovefa, société offrant des services aux promoteurs immobiliers, témoigne des mesures drastiques prises pour faire face à la situation : « Tous les investissements qu’on pouvait avoir, le renouvellement du parc informatique, les séminaires d’animation des équipes etc., sur ces charges-là, on a vraiment coupé. Comme beaucoup de monde dans la profession, on a été obligés aussi de limiter les charges salariales. Donc il y a des départs qui n’ont pas été remplacés. On a notamment trois départs à la retraite l’année dernière qu’on n’a pas remplacé ». Malgré le maintien d’une certaine activité l’année passée, l’inquiétude principale réside dans la perte de compétences clés et la difficulté à trouver et former rapidement des remplaçants qualifiés, ce qui met en évidence les défis à long terme pour la reprise du secteur.