Affrontements entre l’armée malienne et des séparatistes près de la frontière algérienne

Militaires au bord d'un checkpoint

Le nord du Mali a été une nouvelle fois le théâtre de combats entre l’armée malienne et des groupes séparatistes. En effet, 25 juillet 2024, des affrontements ont éclaté à Tinzaouatine, une localité située à proximité de la frontière algérienne.

Ces tensions s’inscrivent dans la stratégie de reconquête du territoire menée par les autorités maliennes depuis plusieurs mois. Soutenue par ses alliés russes, l’armée poursuit son avancée face aux groupes armés qui revendiquent l’indépendance de l’Azawad. On fait le point avec Denis Bouclon.

Une offensive militaire dans le nord du pays

Les combats de Tinzaouatine interviennent quelques jours après la prise d’In-Afarak, un carrefour commercial situé à plus de 100 kilomètres de Tessalit, dans la région de Kidal. Depuis la chute de ce bastion séparatiste en 2023, l’armée malienne a multiplié les opérations pour reprendre le contrôle des localités encore tenues par les groupes armés.

D’après un porte-parole du Cadre stratégique pour la défense du peuple de l’Azawad (CSP-DPA), ces affrontements ont opposé les forces maliennes et les mercenaires russes du groupe Wagner aux combattants séparatistes. Le CSP-DPA affirme avoir infligé des pertes à ses adversaires tout en tentant de protéger les populations civiles.

Des populations en fuite face aux combats

Face à l’intensification des affrontements, des habitants de la région ont trouvé refuge en Algérie. Un témoin civil, cité par l’AFP, a confirmé la présence de tirs entre les belligérants.

L’armée malienne, qui n’a pas encore communiqué sur ces affrontements, affirme pour sa part poursuivre la “sécurisation du territoire national”. Depuis 2022, la junte au pouvoir a rompu ses liens avec la France et ses alliés européens, privilégiant un partenariat militaire et politique avec la Russie.

Dans ce contexte, les combats entre forces gouvernementales et groupes séparatistes continuent de remodeler l’équilibre des forces dans le nord du Mali.

Les séparatistes revendiquent une victoire

Le 28 juillet 2024, après trois jours de combats, les séparatistes du CSP-DPA ont annoncé une “victoire éclatante” contre l’armée malienne et ses alliés russes. Dans un communiqué, leur porte-parole, Mohamed Elmaouloud Ramadane, affirme que leurs forces ont “anéanti les colonnes de l’ennemi”, capturant du matériel et des armes. Selon lui, les rares survivants parmi les soldats maliens et les mercenaires russes ont été faits prisonniers.

Aucun bilan officiel n’a été communiqué par l’armée malienne, mais des sources séparatistes avancent un nombre important de pertes du côté des Forces armées maliennes (FAMA) et du groupe Wagner. Des vidéos transmises à l’AFP montrent des corps ainsi que des soldats faits prisonniers, dont certains seraient d’origine russe.

Sur Telegram, Wagner a reconnu la mort d’un de ses commandants, Sergueï Chevtchenko, mais n’a pas détaillé ses pertes. Selon la BBC, des sources russes estiment qu’entre 20 et 80 combattants de Wagner pourraient avoir été tués dans ces affrontements.

En parallèle, des djihadistes du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), affilié à Al-Qaida, affirment avoir tendu une embuscade à un convoi de l’armée malienne et de Wagner au sud de Tinzaouatine, causant de lourdes pertes. Cependant, les séparatistes du CSP-DPA ont rejeté toute implication du GSIM dans ces combats.

Les affrontements dans cette région restent donc particulièrement meurtriers, avec une intensité rarement observée ces derniers mois.

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