Dans un contexte où la régionalisation, la métropolisation et la répartition plus stricte des compétences redessinent le paysage institutionnel, la concurrence entre territoires s’intensifie. Attirer de nouvelles populations, dynamiser l’économie locale, capter des investissements… autant de défis auxquels les collectivités doivent répondre pour assurer leur développement.
Face à la disparition de la clause générale de compétence et au transfert de certaines prérogatives – notamment en matière de tourisme – vers les échelons intercommunaux, communes et départements doivent repenser leur approche. L’attractivité devient ainsi un levier clé, mobilisant des outils variés allant du marketing territorial à l’aménagement urbain. Mais comment structurer une telle démarche ? Quels sont les moyens concrets à disposition des acteurs locaux ? Le point avec Denis Bouclon.
Attractivité d’un territoire : de quoi parle-t-on ?
Longtemps perçue sous un prisme exclusivement économique, l’attractivité d’un territoire ne se limite pourtant pas à sa capacité à séduire les entreprises. Elle recouvre aussi des dimensions résidentielle, touristique et commerciale. L’INSEE distingue d’ailleurs deux types d’attractivité :
- L’attractivité économique productive, qui mesure la capacité d’un territoire à attirer des activités nouvelles et des investissements créateurs d’emplois qualifiés.
- L’attractivité économique résidentielle, qui repose sur l’arrivée de nouveaux habitants (travailleurs, retraités, étudiants) et les revenus qu’ils injectent dans l’économie locale.
Ces deux dimensions s’entrecroisent et doivent être prises en compte simultanément. Un territoire dynamique économiquement mais incapable de proposer un cadre de vie agréable peinera à retenir ses talents. A l’inverse, une région attractive sur le plan résidentiel mais dépourvue d’opportunités professionnelles risque de voir son bassin d’emplois s’affaiblir.
Une compétence partagée entre différents échelons
Si l’attractivité figure dans plusieurs textes législatifs, notamment dans le Code général des collectivités territoriales (CGCT), elle n’est pas définie comme une compétence exclusive. Elle se retrouve néanmoins au cœur de plusieurs politiques publiques, notamment au niveau des régions, qui définissent des orientations stratégiques en matière d’attractivité des territoires (entre autres) via le schéma régional de développement économique, d’innovation et d’internationalisation (SRDEII). Les métropoles, quant à elles, intègrent cette notion dans leur modèle de développement urbain et économique, dans le but de réduire les inégalités et d’améliorer la compétitivité.
De leur côté, les départements conservent une influence dans la promotion des solidarités territoriales, le soutien aux services essentiels en milieu rural et l’aide à l’installation de professionnels de santé. En outre, les communes et intercommunalités disposent d’outils variés pour renforcer l’attractivité locale, que ce soit à travers l’aménagement du cadre de vie, le développement du tourisme ou encore la mise en place de politiques de logement adaptées.
Quels leviers pour développer l’attractivité territoriale ?
Une politique efficace d’attractivité repose sur plusieurs piliers complémentaires :
1. Le marketing territorial : une image forte pour se démarquer
Développer une marque territoriale permet de valoriser l’identité locale et d’attirer investisseurs, talents et visiteurs. Certaines villes et régions ont d’ailleurs déjà adopté des slogans percutants et des campagnes de communication pour renforcer leur notoriété.
2. Un cadre de vie attractif pour séduire habitants et entreprises
La qualité du logement, des services publics (éducation, santé, transports) et des infrastructures est un critère déterminant pour les nouveaux arrivants. Développer des espaces verts, favoriser la mixité fonctionnelle et encourager la mobilité douce sont autant de leviers pour renforcer l’attrait résidentiel.
3. Un écosystème économique dynamique et innovant
L’implantation de zones d’activités, le soutien à l’entrepreneuriat, l’accompagnement des PME et l’investissement dans la transition écologique sont des éléments clés pour favoriser le développement économique. L’enjeu est d’offrir des conditions favorables à l’innovation et à la croissance des entreprises locales.
4. Des infrastructures modernes et connectées
L’accès aux nouvelles technologies (fibre optique, 5G), aux réseaux de transports performants et à des services adaptés aux attentes des entreprises et des habitants constitue un atout essentiel. Une ville bien desservie et dotée d’infrastructures modernes sera plus à même d’attirer talents et investisseurs.
5. Le tourisme et la culture, moteurs d’attractivité
Un territoire doté d’un patrimoine culturel, naturel ou gastronomique riche dispose d’un potentiel d’attraction supplémentaire. Développer une offre touristique diversifiée et valoriser les événements culturels permet d’élargir son rayonnement et de créer des synergies avec l’économie locale.