De Vinci : un artiste peintre, et bien plus

leonard de vinci

Depuis la nuit des temps, les chercheurs et les savants étudient la vie des artistes et des grands écrivains pour comprendre ce qui fait l’exceptionnalité de leurs œuvres et les conditions de naissance de leur force créative. Pour comprendre l’œuvre riche et diverse de Léonard De Vinci, il est nécessaire de revenir sur sa vie particulière et tumultueuse qu’il a choisi de dédier entièrement à son œuvre.

Il y a près de 500 ans, De Vinci décédait en France

2019 marque le cinquième centenaire du décès de Léonard De Vinci. Né en 1452 près de la ville italienne de Vinci qui lui donna son nom, il s’éteint dans la commune française d’Amboise, où il passa ses derniers jours, 3 ans précisément, au Château du Clos Lucé que le roi François Ier avait mis à sa disposition.

Si le nom de la Joconde reste attaché à celui de De Vinci, ce dernier se considérait plus comme un scientifique que comme un artiste. Quand il a envoyé une lettre au duc de Milan pour chercher du travail, Léonard De Vinci a listé près d’une dizaine de compétences clés, comme la conception d’artillerie marine et terrestre, la construction de ponts portables et la fabrication de véhicules et de canons à projectiles en pierre. Il n’avait cité que d’une façon marginale et secondaire ses aptitudes en dessin, en peinture et en sculpture.

de-vinci-jocande
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Un homme à tout faire, De Vinci. Durant la période de la Renaissance, les génies universels qui touchaient aux mathématiques, à la philosophie, à la musique et à la linguistique étaient légion. Appelés polymathes, ces grands esprits constituaient une avant-garde de l’élite intellectuelle qui fournissait aux royaumes des technocrates polyvalents.

Comme bon nombre de ses polymathes contemporains, De Vinci a voyagé au cours de sa vie de province en province pour offrir ses compétences et son génie à des rois, des princes et des empereurs. Mais pas avant de rouler sa bosse dans l’atelier d’un autre polymathe qui lui apprendra beaucoup et ajoutera plus d’une corde à son arc.

Les débuts à Florence

Dès l’âge de 14 ans, Léonard De Vinci entre en apprentissage dans l’atelier du peintre et sculpteur florentin Andrea del Verrocchio. De Vinci le père avait montré des dessins très prometteurs de son fils au maître sculpteur, qui fut tout de suite conquis et pris sans hésitation l’adolescent sous son aile, plus pour son talent que par complaisance à l’égard de son ami. Le père de Léonard étant un notaire aisé financièrement, il a cédé des biens à Verrocchio en contrepartie de son tutorat.

Il était courant pour les parents de trouver des métiers à leurs enfants en les mettant en apprentissage. Ce dernier constituant une alternative aux formations vocationnelles de l’époque, de nombreux polymathes ont été formés en tant qu’apprentis.

Andrea del Verrocchio était déjà polymathe à l’époque : orfèvre et forgeron de formation, il était également peintre, sculpteur, architecte et ingénieur et dirigeait une des fonderies les plus profitables et les plus dynamiques. L’atelier n’avait rien des concept-stores modernes que vous connaissez : Verrocchio et ses apprentis travaillaient sur commande pour le compte de plusieurs mécènes et hommes d’Etat, comme de Laurent le Magnifique ou encore Cosme de Médicis.

Les intervenants de l’atelier de Verrocchio n’étaient pas que des techniciens, puisqu’il était courant de converser et de disserter sur les mathématiques, l’anatomie, la pensée antique, la musique et la philosophie. Les créations, collectives en grande partie, n’étaient souvent pas signées : l’atelier était plus soucieux de satisfaire ses nombreux commanditaires plutôt que de promouvoir les talents de ses artistes résidents.

En 1468, Andrea Del Verrocchio reçoit une commande pour la création d’une sphère en cuivre, qui servira ensuite à former le Dôme de Santa Maria del Fiore de Florence. C’est l’occasion pour Léonard de mettre à l’épreuve ses connaissances en ingénierie, en  machinerie, en mécanique, en métallurgie et en physique. L’installation finale de la sphère n’eut lieu qu’après 4 ans de travail acharné, au bout duquel De Vinci trouva sa vocation pour l’ingénierie.

machine volantes leonard de vinci
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nateur commun est l’ingénierie et l’aspect technique des choses. Avec la rigueur de l’ingénieur et la persévérance de l’autodidacte, De Vinci s’intéressa ensuite à la mécanique complexe, notamment aux armes de guerre. Ces dernières l’ont mené vers la cartographie et le génie hydraulique. Mais ce qui l’a sans doute le plus passionné, c’est la possibilité de créer des machines volantes, qui a occupé son esprit jusqu’à la fin de sa vie.

Une histoire inachevée

En 1482, De Vinci est âgé de 30 ans et ne manque pas de commandes. A la surprise de tous, il décide de quitter Florence et son généreux mécène Laurent Le Magnifique pour s’installer à Milan, où le duc Ludovic Sforza le prit sous son aile. Ce passage de la vie de Léonard est un angle mort pour ses historiens : peu de ressources couvrent les années 1480, ce qui a poussé certains biographes à conclure que ces 17 ans sont passés dans un reclus et une certaine isolation.

En 1499, Louis XII revendique des droits à la succession des Visconti et envahit Milan. Léonard perd la protection de son duc qui s’est réfugié en Allemagne. Pour le roi des français, il réalisera plusieurs commandes, dont une qui concerne le renforcement des remparts de Venise contre une potentielle invasion ottomane. Il s’éloigne de plus en plus de la peinture, erre entre Florence, Venise, Milan et Mantoue, avant d’atterrir à Rome en 1516.

La même année, le roi François Ier parvient à reconquérir Milan à l’issue de la bataille de Marignan. Après la mort de Julien de Médicis, le dernier mécène italien de Léonard, ce dernier ne voit d’autre issue que d’accepter de se mettre au service du nouveau roi. De Vinci arrive à Amboise à l’âge de 64 ans, où il y établit son testament avant de s’éteindre peu après.

Une histoire de sommeil ?

carnets leonard de vinci
carnets leonard de vinci

Après son décès, De Vinci a laissé un nombre conséquent de carnets qu’il tenait consciencieusement. Détaillant ses activités et ses pensées heure par heure, ses biographes ont découvert qu’il ne dormait presque pas. Comme tout génie, Léonard était fidèle à ses habitudes un peu excentriques : il adoptait un mode de sommeil polyphasique, qui consistait à faire plusieurs siestes la journée au lieu de dormir plusieurs cycles d’une traite le soir. Surnommé également le sommeil du surhomme, le sommeil polyphasique consiste à ne dormir que 20 minutes chaque 4 heures, ce qui revient à uniquement deux heures de sommeil par jour !

Au cours de toute la durée de vie d’une personne qui dort en moyenne 8 heures par jour, cette dernière passera près de de 24 ans à dormir. En adoptant le sommeil polyphasique, De Vinci a su rentabiliser 18 de ces 24 années qu’il a consacré à ses innombrables projets et activités intellectuelles. Il avait donc des journées de 22 heures pour mener ses recherches, pour inventer des armes et des machines insolites et pour produire des dessins et des tableaux qui continuent de hanter les historiens et le monde de l’art jusqu’à aujourd’hui.

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