Si l’Éthiopie plante autant d’arbres, c’est d’abord parce que le pays a connu une déforestation massive. Au début du 20e siècle, les forêts recouvrent est 35 % de la surface du territoire, mais les zones forestières ont fortement diminué jusqu’à la fin des années 80. À ce moment-là elles ne représentaient qu’un peu plus de 2 % de la surface du pays. Puis le rythme de la déforestation a été ralenti et aujourd’hui les forêts représentent environ 15 % du territoire éthiopien.
Les avantages de la reforestation
Selon Life ONG, une association très active dans le domaine de reforestation en Afrique, cette déforestation massive a deux origines, d’abord le bois est une denrée précieuse en Éthiopie. 90 % de l’énergie consommée dans le pays vient de la biomasse et il s’agit majoritairement de bois et de charbon. Le bois est aussi très utilisé pour la construction de bâtiments. Et puis détruire les forêts a aussi permis de développer des terres cultivables pour nourrir la population éthiopienne. Avec près de 110 millions d’habitants, c’est le deuxième pays le plus peuplé d’Afrique. Mais la déforestation massive a ensuite accentué les risques environnementaux.
Aujourd’hui, en Éthiopie, la reforestation est un moyen de lutter contre deux types de catastrophes environnementales. D’abord, il y a les sécheresses. Elles sont de plus en plus régulières. En 2015 et 2016, le pays a connu les pires épisodes depuis 50 ans avec un bilan de plus de 10 millions de personnes en insécurité alimentaire. Selon Life ONG, revégétaliser est un moyen efficace de réduire la mortalité liée aux sécheresses, car les végétaux permettent de mieux retenir l’humidité dans les sols ou d’éviter la disparition du bétail. Le deuxième type de catastrophes meurtrières, ce sont les inondations causées par l’érosion des sols. Elle provoque d’importants glissements de terrain. Durant la saison des pluies, dès les années 2000, certains villages ont commencé à tenter de lutter contre cette érosion des sols et replanter des arbres dans pour diminuer les risques.
La reforestation comme une stratégie gouvernementale
La reforestation rentre aussi dans une stratégie plus globale pour l’Éthiopie. À l’occasion de grandes conférences environnementales comme la cop17 au Danemark en 2011 où la Cop 21 à Paris en 2015, le pays a affiché des ambitions très volontaristes pour verdir son économie et son territoire. Aujourd’hui, au-delà des chiffres-chocs de ces milliards d’arbres plantés sous l’impulsion du gouvernement. Des médias locaux soulignent que les informations sur cette action sont encore floues. Il est par exemple impossible de savoir si les arbres mis en terre sont adaptés à l’environnement.
En effet, pour que le pays profite des bienfaits de l’augmentation du boisement dans les prochaines décennies, encore, faut-il que les arbres arrivent à maturité. Or, le manque d’entretien des forêts est un problème récurrent dans ce pays. Sur les plus de 4 milliards d’arbres plantés entre 2000 et 2015 seuls 20 à 30 % ont survécu. Avec son vaste projet de plantation, l’Éthiopie a montré que ce thème est mobilisateur dans un pays. Comme le précise Life ONG, d’autres pays en Afrique ont voulu emboîter le pas de l’Éthiopie et faire de la reforestation une priorité tout en encourageant les ONG à y participer.