Le Mercosur au cœur des tensions économiques et environnementales

colere agriculteurs contre mercosur

Depuis plusieurs années, l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur fait couler beaucoup d’encre. Et en janvier 2025, le débat reste plus vif que jamais. Emmanuel Macron monte au créneau pour rappeler que « la messe n’est pas dite » et qu’il compte bien s’opposer à cet accord, malgré la conclusion des négociations annoncée par Ursula von der Leyen. Alors, pourquoi cet accord suscite-t-il autant de controverses ? Analyse.

Un accord au cœur des intérêts économiques divergents

Pour l’Union européenne, le Mercosur représente une opportunité de renforcer ses échanges commerciaux avec des partenaires clés d’Amérique du Sud, comme le Brésil, l’Argentine ou l’Uruguay. En ouvrant les marchés sud-américains aux produits européens, notamment automobiles et pharmaceutiques, l’Europe espère stimuler son industrie et compenser certaines faiblesses économiques. En contrepartie, les pays du Mercosur pourraient écouler davantage de produits agricoles sur le marché européen, à commencer par la viande, le soja ou encore le sucre. La perspective a de quoi séduire des économies agricoles souvent en quête de débouchés internationaux. Cependant, cet échange de bons procédés est loin de faire l’unanimité, particulièrement en France.

La position de la France : un non catégorique

Pour Paris, cet accord est tout simplement « inacceptable ». Emmanuel Macron, lors d’une récente allocution, a souligné que les règles de cet échange ne respectent pas les engagements pris par l’Union européenne en matière d’environnement et de santé publique. Les agriculteurs français, déjà fragilisés par une concurrence accrue, redoutent une invasion de produits moins chers, mais ne répondant pas aux normes européennes strictes. Le président français s’appuie également sur un précédent pour justifier sa méfiance : en 2019, lors du G20 à Osaka, un accord similaire avait été signé puis abandonné lorsque les parties n’ont pas respecté leurs engagements. Cette fois, Macron promet de ne pas baisser la garde et de veiller à ce que les principes de réciprocité et de durabilité soient respectés.

« Le Mercosur est un mauvais accord »

Au milieu de ce tumulte, Stéphane Layani, président du Marché de Rungis, s’est exprimé contre l’accord. Lors d’une interview accordée à BFM TV, il a expliqué : « Le Mercosur est un mauvais accord ». Pour lui, les produits agricoles importés menacent directement les pépites des terroirs français, en offrant une alternative à bas prix mais de qualité inférieure.

Il faut rappeler que Stéphane Layani défend une vision où la souveraineté alimentaire de la France passe avant tout. « Nos grossistes et nos agriculteurs sont les garants de cette souveraineté », explique-t-il. Selon lui, des accords comme le Mercosur risquent de fragiliser ces circuits courts et d’éroder la confiance des consommateurs envers les produits nationaux. En parallèle, il annonce la création d’un pavillon dédié à la souveraineté alimentaire sur le Marché de Rungis en 2026. Une initiative qui vise à promouvoir les produits français et à les protéger face à la pression des importations.

Les enjeux environnementaux, la ligne rouge

Outre les répercussions économiques, les questions environnementales occupent une place centrale dans ce débat. Les pratiques agricoles de certains pays du Mercosur, souvent accusées de déforestation massive ou d’utilisation intensive de pesticides, vont à l’encontre des objectifs climatiques de l’Union européenne. Les opposants à l’accord craignent que son adoption envoie un message contradictoire : comment l’Europe peut-elle prôner une transition écologique tout en signant un partenariat avec des acteurs accusés de fragiliser les écosystèmes ? Pour Emmanuel Macron et d’autres détracteurs, c’est une question de cohérence.

 

Sources :
https://reporterre.net/Accord-UE-Mercosur-5-points-pour-comprendre-la-colere-des-agriculteurs
https://youtu.be/PxG9Bm-KXfI?t=470

Related posts

Leave a Comment