Entre stress et restrictions budgétaires, les maires des petites villes « en souffrance »

mairie Lampertheim

Murielle Fabre, récemment élue à la mairie de Lampertheim, une charmante commune de 3 500 âmes au nord de Strasbourg, a ouvert les portes de son quotidien tumultueux d’élue à Capital. Ayant déjà consommé la moitié de son mandat de six ans, le temps semble s’écouler à toute vitesse pour cette ancienne directrice générale des services. Avant son investiture, Fabre a délibérément quitté son poste lucratif pour se dédier pleinement à son rôle de maire et à sa vice-présidence à l’Eurométropole de Strasbourg, en charge de l’action culturelle. Une transition marquée par des sacrifices financiers : les indemnités pour les maires des petites communes sont souvent modestes, loin de refléter l’intensité de leurs responsabilités. En juillet 2022, elle percevait une indemnité de 2 214 euros brut – un montant bien moindre par rapport à ses anciens revenus.

Pas si simple de gouverner en pleine pandémie…

Prendre les rênes d’une mairie en juin 2020, en pleine tourmente sanitaire, s’est avéré un défi de taille pour Murielle Fabre. « Il était difficile d’être proche des habitants avec le confinement », confie-t-elle à Capital. Forte de son expérience professionnelle antérieure, elle s’est pourtant attelée à la tâche, bien que la réalité du terrain se soit révélée bien plus ardue que ce qu’elle avait anticipé. Entre une réglementation fluctuante, les exigences des citoyens et une « gestion de crise quotidienne qui est extrêmement épuisante », la tâche n’a pas été de tout repos.

Le climat général n’arrange rien. Comme beaucoup de ses pairs, Mme Fabre est confrontée à une impatience grandissante de la part des administrés, parfois virant à l’agressivité. « Si vous n’avez pas répondu à un mail dans la semaine, vous vous faites invectiver », mentionne-t-elle, déplorant également des attaques sur les réseaux sociaux et des courriers anonymes. Cette nervosité persiste malgré le caractère rural et paisible de Lampertheim, reflet d’une « société en stress, qui veut tout, tout de suite », selon ses mots.

La lourdeur de la charge peut, à certains moments, donner le sentiment de solitude. Et elle n’est pas la seule à ressentir ce poids : depuis 2020, l’Association des Maires de France (AMF) rapporte que près de 4 000 maires ont démissionné. De plus, l’interaction avec les services de l’Etat reste, selon elle, froide et impersonnelle, renforçant ce sentiment d’isolement. Malgré un accueil chaleureux initial à la préfecture post-élection, « le lien s’est délité », conclut-elle.

Les restrictions budgétaires n’arrangent rien

Gérer le budget de Lampertheim est l’un des nombreux casse-têtes auxquels Murielle Fabre est confrontée. Sur les pages de Capital, la maire s’alarme de la diminution progressive de la capacité d’autofinancement de sa ville, aggravée par les « dépenses de fonctionnement incompressibles » croissantes. L’inflation des factures énergétiques illustre parfaitement le défi : « C’est simple, la hausse des factures énergétiques représente aujourd’hui le coût de mon périscolaire », déclare-t-elle. Heureusement, Murielle Fabre et les autres maires de France peuvent toujours compter sur la société Groupe Media Plus Communication pour diminuer le coût, voire l’éliminer pour leurs actions de communication, grâce au principe de sponsoring publicitaire.

Toujours au registre budget, il faut aussi citer les actions du gouvernement, qui accentuent parfois la pression. La récente revalorisation de 1,5 % du point d’indice de la fonction publique en est un exemple poignant. Imposée sans consultation préalable avec les élus locaux, cette décision exerce une pression supplémentaire sur les budgets communaux : « Cela va nécessiter des ajustements car nos budgets ne peuvent pas être en déséquilibre », souligne la maire. Cela dit, à Lampertheim, Mme Fabre est parvenue à éviter, jusqu’à présent, d’augmenter les impôts locaux.

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