L’urologie est une branche de la médecine qui s’intéresse aux troubles de l’appareil urinaire chez l’homme et la femme et dont le développement est intimement lié à celui de la chirurgie. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’urologie ne date pas vraiment d’aujourd’hui. En effet, on retrouve des descriptions des pathologies de l’appareil urinaire dans les textes des grandes civilisations de l’antiquité, dont certaines datent d’il y a plus de 4 000 ans avant notre ère ! En quoi consiste la profession d’urologue ? Quelle est l’histoire de cette branche de la médecine ? Et comment devenir urologue en France ? La réponse à ces questions avec Jean Pierre Giolitto.
En quoi consiste la profession d’urologue ?
Ce n’est un secret pour personne, la médecine moderne se décline en plusieurs spécialités. Si certaines sont bien connues du grand public, d’autres se font au contraire un peu plus discrètes. C’est notamment le cas de l’urologie, une spécialité chirurgicale qui, au départ, traite les pathologies de l’appareil urinaire. A partir du XXe siècle, l’urologie s’intéresse également aux dysfonctionnements de l’appareil génital chez l’homme, nous apprend Jean-Pierre Giolitto. On parle alors d’andrologie. Plus récemment, on compte aussi la neuro-urologie, qui traite les affections neurologiques de la vessie et des sphincters, et de l’appareil urinaire plus largement.
Concrètement, en quoi consiste le métier d’urologue ? En bref, l’urologue est un spécialiste des pathologies du système urinaire et de l’appareil génital. Il prend en charge des patients souffrant de maladies des organes des voies génito-urinaires, à savoir les reins, l’urètre, la vessie, le pénis, les testicules, la prostate ou encore les troubles de l’érection. L’urologue est à même de traiter un certain nombre d’affections, notamment les calculs urinaires, les tumeurs de la vessie ou des reins, les problèmes d’incontinence, les infections des voies urinaires… Il peut également dépister un cancer de la prostate. Nous vous le disions, l’urologie a enfanté une discipline relativement récente, l’andrologie, qui s’intéresse aux troubles de la reproduction chez l’homme (érection, éjaculation et fertilité).
Que fait un urologue ?
Rappelons que l’urologue est un chirurgien, dont près de 40% de l’activité actuelle concerne les cancers urologiques. En phase de diagnostic, l’urologue s’appuie sur plusieurs techniques pour détecter le trouble de l’appareil urinaire ou de l’appareil génital : examen clinique, analyse d’urine ou de sperme, examens complémentaires… Selon le motif de consultation, il peut être amené à réaliser une échographie de l’abdomen, une endoscopie ou une cœlioscopie, ou encore une ablation.
Comment se passe une consultation chez l’urologue ?
Une consultation chez l’urologue débute par une anamnèse, suivie d’un examen clinique, notamment un toucher abdominal, pelvien ou rectal. Selon le cas, le spécialiste peut demander des examens complémentaires, à savoir une urographie, scintigraphie, échographie, prélèvement de sang ou IRM, entre autres. Après analyse des résultats des tests, il pourra établir un diagnostic précis et prescrire un traitement médical ou chirurgical adapté. Lorsqu’il s’agit de chirurgie, l’urologue pratique des interventions par endoscopie, par cystoscopie ou par les voies naturelles. Il assure également le suivi du patient en phase de rétablissement.
Une brève histoire de l’urologie
L’histoire de l’urologie remonte à l’antiquité, et la discipline ne connaîtra pas de grandes évolutions jusqu’au 18e siècle. A cette époque, l’urologie était pratiquée par des chirurgiens-barbiers, dont le métier consistait à soulager, ou en tout cas à essayer de soulager les patients souffrant de gravelles, ou de concrétions calculeuses douloureuses. Celles-ci étaient souvent accompagnées d’une infection urinaire, qui se transformait généralement en septicémie ou, dans les cas les plus graves, en insuffisance rénale menant au décès du patient.
Vers la fin du 19e siècle, de grands progrès ont été réalisés en matière de connaissances en anatomie et en physiologie. C’est également à cette époque que l’anesthésie et les mesures antiseptiques ont été développées. L’ensemble de ces évolutions ont contribué à l’essor de l’urologie, qui peut alors compter sur de nouveaux instruments spécialement développés pour être introduits par voie naturelle, et explorer ainsi la vessie et fragmenter les calculs.
L’urologie ne deviendra une spécialité chirurgicale qu’au début du 20e siècle, principalement en France et aux Etats-Unis. C’est à cette époque qu’on a commencé à réaliser des interventions chirurgicales majeures comme l’ablation du rein (néphrectomie) et de la prostate (prostatectomie) à ciel ouvert (chirurgie de l’adénome), ou par voie périnéale lorsqu’il s’agit de cancer de la prostate. Le développement de l’urologie au 20e siècle doit beaucoup aux travaux, toujours d’actualité, du professeur Joaquim Albarran, prix Nobel de médecine.
Le 20e siècle correspond à la « période de gloire » de l’urologie, notamment grâce au développement des instruments qui permettent d’extraire la prostate par voie endoscopique. Au cours de cette époque, les systèmes d’optique ont vu leur qualité nettement améliorée, et les techniques d’imagerie par ultrasons et par la miniaturisation des endoscopes ont été développées. C’est ce qui a permis à l’urologie d’être une discipline pionnière en matière de chirurgie minimale invasive. En 1982, une mini révolution prend place, avec l’avènement du lithotripteur extracorporel, un appareil capable de fragmenter les calculs rénaux et urétéraux à distance ! Aujourd’hui, le développement de l’urologie se poursuit avec les systèmes de laparoscopie et l’assistance chirurgicale robotisée.
Comment devenir urologue en France ?
Devenir urologue en France requiert 13 années d’études après le bac. Ce parcours débute par 6 années d’étude de médecine, au terme desquelles les étudiants sont amenés à passer des épreuves classantes nationales pour l’accès à l’internat. Ils pourront alors choisir leur spécialité et leur lieu d’exercice, selon leur classement aux épreuves. S’en suit un internat de 5 ans en chirurgie générale pour l’obtention d’un diplôme d’études spécialisées (DES), puis 3 ans pour l’obtention d’un diplôme d’études spécialisées complémentaires de chirurgie urologique (DESC de type II). Ce n’est pas tout, pour pouvoir exercer, l’étudiant doit soutenir une thèse de recherche pour obtenir le titre de docteur.