C’est une petite révolution silencieuse qui pourrait bien chambouler tout l’univers des soins dermatologiques. Une équipe de chercheurs japonais vient de publier une étude inédite qui remet en cause l’un des piliers de la cosmétique moderne : la véritable origine du collagène dans la peau. Et c’est grâce à un animal étonnant, l’axolotl, que cette remise en question a pu voir le jour. Le point sur le sujet avec Aunessa !
L’axolotl, modèle de transparence et de régénération
Si ce drôle d’amphibien originaire du Mexique fascine depuis longtemps les biologistes pour ses capacités régénératrices hors du commun, il vient cette fois bouleverser nos certitudes scientifiques. Doté d’une peau fine et transparente, l’axolotl permet une observation en direct des processus cellulaires grâce à des traceurs fluorescents. Une aubaine pour les chercheurs qui ont pu, pour la première fois, observer précisément l’origine de la production de collagène au sein de la peau.
Et la surprise est de taille : ce ne sont pas les fibroblastes, longtemps considérés comme les principaux producteurs de collagène, qui en sont à l’origine dans les phases initiales de vie. Les véritables artisans de cette précieuse protéine structurale sont… les kératinocytes. Ces cellules de l’épiderme, qui composent environ 85 % de sa surface, auraient donc un rôle bien plus actif qu’on ne le pensait dans la régénération tissulaire.
Un changement de paradigme dans la biologie de la peau
La découverte, publiée dans Nature Communications, révèle un fonctionnement totalement repensé du tissu cutané. Car si les fibroblastes restent impliqués dans la suite du processus, ils n’en seraient que des renforts. Ils modifient, restructurent et renforcent les fibres de collagène déjà produites par les kératinocytes, mais leur propre capacité de production reste limitée et désorganisée.
Les chercheurs ont ensuite étendu leur expérimentation à d’autres espèces, comme la souris, le poisson-zèbre et le poulet, pour constater que cette dynamique se vérifiait également chez eux. Le constat est sans appel : chez les embryons de mammifères, les kératinocytes assurent la fabrication du collagène, d’où leur étonnante capacité à cicatriser sans trace. Après la naissance, les fibroblastes prennent le relais, mais au prix d’un collagène moins structuré… et donc d’un vieillissement cutané plus marqué.
Une remise en cause des soins actuels
Et c’est là que cette avancée scientifique prend une tournure explosive pour l’industrie des cosmétiques. Depuis des années, toutes les formulations anti-âge et régénérantes visent en priorité les fibroblastes. Or, s’ils ne sont que les maçons du second œuvre, et non les architectes de la structure, ces soins pourraient bien rater leur cible. Selon le docteur Akira Satoh, co-auteur de l’étude, il serait temps de rediriger nos efforts vers les véritables producteurs de collagène d’origine : les kératinocytes. A terme, cela pourrait aboutir à une nouvelle génération de soins cutanés, capables d’activer ces cellules clés pour relancer la synthèse d’un collagène de haute qualité. Une piste particulièrement prometteuse pour les crèmes anti-âge, mais aussi pour les traitements cicatrisants, où la restauration de la matrice dermique est un enjeu central.
Vers une nouvelle approche de la beauté et de la régénération
Au-delà de son impact scientifique, la découverte pose une question simple mais non moins centrale : et si toute notre cosmétique s’était focalisée sur le mauvais acteur ? Si les compléments à base de collagène, les injections, et les soins ciblant exclusivement les fibroblastes n’étaient que des rustines superficielles ? L’avenir pourrait bien appartenir à des formulations capables de réactiver ce que la nature a su faire, mais que le temps a fait taire : la capacité innée des kératinocytes à fabriquer un collagène structurant. Autrement dit, le secret d’une peau jeune et réparée pourrait se trouver non pas dans l’importation de collagène, mais dans la réactivation intelligente de ses producteurs oubliés.